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05-LES « RACES » DE CHIENS EN TURQUIE Janv 2010 D’abord, une précision d’une importance capitale. Les « races » de chiens de protection de troupeaux en Turquie, en Asie Centrale, dans les Balkans et probablement ailleurs ne répondent pas nécessairement aux critères définis par la cynophilie occidentale. La notion de « race canine » définie par les standard est infiniment plus récente que l’existence, depuis plusieurs millénaires, des chiens de protection comme nous les connaissons encore aujourd’hui.
Cette « nouvelle approche » de gestion canine, qui, visiblement, connaît bien mieux les expositions canines que la réalité de terrain du chien de travail, ne risque-t-elle pas, à terme, de détruire à jamais ces chiens de protection, adaptés à la quasi perfection à leurs milieux traditionnels, façonnés à leur fonction depuis la nuit des temps au sein de tribus nomades ?
C’est encore une autre histoire…
Nous en parlerons plus loin.
Akbash (akbaş – tête blanche)
Un peu moins connu que le Karabash, l’Akbash est une autre « race » turque de chien de protection. Même si, comme le Karabash, il est allé un peu partout aujourd’hui, le territoire traditionnel de la « race » est le triangle d’Akbash, territoire qui se trouve entre les villes de Konya, d’Afyon et d’Eskişehir, à l’ouest du pays. Comme son nom l’indique, non seulement la tête mais la totalité de son corps est blanche. A peine plus petit que le Karabash, il a une élégance qui ne laisse pas indifférent.
Akbash au travail. La plupart du temps, les chiens de
troupeaux au travail n’apprécient que très modérément les
photographes. Sans la contribution du berger, ce genre
d’image est impossible à prendre de si près.
Cette beauté cache sa véritable personnalité. Nous pouvons, sans exagération, affirmer qu’il est aussi efficace sur troupeau que le Karabash. Par rapport à certaines lignées de Karabash, il a un atout très apprécié par les défenseurs de la nature. Il se contente de protéger efficacement le troupeau sans s’acharner dans la poursuite du ou des prédateurs. Il n’abandonne donc pas le troupeau qui, en permanence, reste sous sa surveillance et surtout, il ne détruit pas les prédateurs de son environnement, il se contente de les faire fuir. Chien « écologique » par excellence, c’est pour cette raison que certains bergers, aux Etats Unis notamment, préfèrent l’Akbash au Karabash.
Vif et athlétique, un grillage à hauteur d’homme ne l’empêchera pas de passer de l’autre côté. Très attaché à ses maîtres et aux animaux de la ferme, il ne laissera personne violer son territoire. Derrière une physionomie d’enfant de choeur, se cache un véritable chien de protection de troupeaux et de ferme. Ceux qui tombent amoureux de ce beau chien doivent le savoir et donc prévoir une éducation en fonction de sa vraie nature. Il peut, certes, devenir chien de compagnie à condition de respecter sa nature et de savoir s’y prendre. Par contre, vous n’arriverez pas à en faire un chien de salon.
Berger (Caucasien) de Kars (Kars çoban köpeği)
Bien qu’elle s’appelle « berger de Kars », cette race se trouve dans les montagnes de Kars bien sûr mais aussi d’Artvin, d’Erzurum, d’ Ağrı et d’Ardahan, au nord-est de la Turquie. Ce chien, singulièrement bien adapté à son environnement hivernal a probablement une parenté avec le Caucasien Ovcharka.
Il est le moins commode des « races » turques de protection. Efficace certes sur le troupeau mais à proscrire aux amateurs de cynophilie. Contrairement aux attitudes comportementales des autres races bergères, le berger de Kars ne laisse pas entrevoir les signes d’une attaque imminente ! Il a une variété de couleur très riche mais les couleurs sombres dominent (et sont préférées) la plupart du temps. Légèrement plus petit, il est aussi lourd que le Karabash, c’est le montagnard des chiens de protection.
Vue la posture, ils apprécient
très peu le photographe. Méfiance donc. Chiens de Kars.
Levrier Turc (Turk tazısı)
Bien que peu nombreux, les lévriers turcs représentent la race canine pour laquelle il y a le plus grand nombre de documents historiques. Une miniature ottomane du XVIième siècle montre un des fils de Soliman le Magnifique à la chasse, accompagné d’un lévrier turc.
Le lévrier turc descendrait du lévrier kirghize et serait venu en Anatolie lors des migrations des tribus turques. Il ressemble au lévrier iranien, le salouki, tout en étant plus grand. Sa peau peut être de diverses couleurs, il a les pattes longues, le poil ras, la queue fine, la tête fine et allongée, le cou long, la poitrine haute. Il se trouve dans le centre et le sud de Turquie, près des sources d’eau où l’on chasse la bécasse, la perdrix, le lapin et le renard. En hiver, il est couvert contre le froid.
Çatalburun de Tarsus (nez fourchu de Tarsus) Chaque narine est distinctement séparée par une fente, d’où son nom. La population de Çatalburun a beaucoup baissé. Chien de chasse sous protection aujourd’hui, il est utilisé pour trouver et lever le gibier dans la région de Tarsus au sud de la Turquie. A notre grand surprise, nous avons découvert l’existence du Pachon Navarro, race espagnole ainsi que le Double-nosed Andean tiger hound de Bolivie qui ressemblent énormément au Çatalburun de Tarsus.
Sont-ils cousins ? Nous ne le savons pas. A notre connaissance, aucune étude approfondie n’a été faite sur ces chiens.
Çatalburun de Tarsus.
Il s’agit d’un très grand chien d’Asie Centrale.
Il s'agit de Pachon Navarro,
Espagne.
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© DERBENT Anne-Marie 2006 |