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13-LE COMBAT DE CHIEN ET LE KARABASH Janv 2010 Le Karabash est un chien de taille respectable, puissant, vif, protecteur et courageux. Disons le tout de suite, il sait se battre. Il n’a pas besoin d’un dressage pour cela, chaque fois que les moutons, les animaux de la ferme, son maître, la famille et les biens de son maître se trouvent en danger, il fera face aux agresseurs, aux prédateurs et à ses congénères et n’hésitera pas à se battre lorsqu’il ne peut plus faire autrement. Dans une grande majorité de cas, il se battra pour un seul et unique but, c’est de faire fuir l’intrus, l’indésirable. Des siècles d’existence dans les grandes steppes lui ont appris la mesure, la modération. Les sujets, partisans de la manière forte, qui poursuivent l’intrus risquent de perdre la vie face à plusieurs prédateurs qui l’attendraient plus loin, en prenant le cas du loup par exemple. La sélection naturelle a donc fait son œuvre depuis fort longtemps. Dans tous les cas, l’intrus sera poursuivi jusqu’à ce qu’il se trouve en dehors de la zone à l’intérieur de laquelle le Karabash ne tolère aucune intrusion.
Certes, le Karabash sait se battre, il excelle dans l’art du combat mais, même si cela peut paraître paradoxal, c’est un très mauvais chien de combat. Les apprentis, amateurs de combats de chiens, risquent fort d’être déçus. Si le Karabash se bat contre un congénère, la seule chose qu’il recherche est la soumission de son adversaire. S’il perd le combat il subira le sort que son adversaire lui réservera. Mais s’il est le plus fort, aussitôt que son adversaire manifeste le premier signe de soumission, le Karabash arrêtera le combat. Il n’y a pratiquement jamais de blessures sérieuses dans ces accrochages. C’est à la suite de ces combats que le vainqueur préserve son territoire, s’approprie la nourriture et accède à la femelle en chaleur. Quant au vaincu, il se résigne à quitter les lieux. Les combats peuvent durer plus longtemps et les blessures infligées de part et d’autre peuvent présenter une gravité parfois préoccupante lorsque les deux belligérants sont de force et de détermination sensiblement égales. C’est rarement le cas. Une chose est certaine, le Karabash ne s’acharnera jamais sur un adversaire vaincu. C’est pour cette raison que les milieux organisateurs de combats de chiens en Turquie évitent d’utiliser le Karabash de souche qui n’a pas été « génétiquement modifié ».
Certaines populations, y compris au Turkestan, sont convaincus que les combats de chiens leur permettent de sélectionner les meilleurs géniteurs. Chez d’autres populations, les combats de chiens sont tellement codifiés qu’au premier signe de soumission de l’un des chiens, le combat est arrêté par les hommes. En tout cas, il est évident que la grande majorité des combats de chiens se font pour de l’argent par des organisateurs plus ou moins maffieux avec toutes les conséquences que cela implique pour le chien, seul véritable perdant.
Nous ne sommes pas convaincus que le combat de chiens puisse constituer une méthode pour sélectionner les meilleurs géniteurs. Quel géniteur et pour quoi faire ? Un chien qui ne sait que s’acharner sur son adversaire, est-il un bon chien de protection de troupeau ? Avec cette méthode, nous ne pouvons sélectionner que des chiens de combat et rien d’autres. Le meilleur chien de protection de troupeau qui est d’abord et avant tout un fin stratège, ne révèle ses aptitudes que dans son environnement de travail et non dans les arènes. Le meilleur moyen de sélectionner un bon chiot de protection de troupeaux est de s’assurer qu’il est issu des parents qui ont déjà démontré leurs aptitudes dans l’accomplissement de leur travail.
Ce chien a perdu la vie dans
une arène en Turquie. Par contre, certains, toujours les mêmes, ont rempli leurs poches.
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© DERBENT Anne-Marie 2006 |