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39-UN MOT SUR LE PATOU Janv 2010 Lors de notre dernière visite en été 2007, nous avons ressenti une haine du loup à peine dissimulée dans le Mercantour. Parallèlement, nous n’avons pas rencontré une seule personne qui était satisfaite de la « performance » du Patou. Ils sont unanimes pour dire que la seule « protection » que les Patous étaient capables d'assurer, c'est d'aboyer lorsqu'ils sentent la présence du loup qui s'approche du troupeau. C'est dire peu de choses.
Question de bon sens : Peut-il faire
face à une meute de loup ?
Les Patous que nous avons vu et photographié ne ressemblaient certes pas aux « Patous de salons » auxquels nous sommes bien habitués, mais visiblement ils ne nous paraissaient pas avoir le « poids » au sens propre et figuré, pour faire face aux prédateurs. Ils étaient, à notre avis, aussi peu mobiles que leurs cousins de salons. Nous n’avons peut-être pas eu la chance de tomber sur de meilleurs sujets.
Et lui ?
La haine du loup, de l’ours et d’autres prédateurs dans les Pyrénées est encore plus virulente que dans le Mercantour d’après Daniel DERAIN, originaire lui-même des Pyrénées.
Et, ce Karabash, fera-t-il une meilleure
protection ? Nous n’en sommes pas certains.
Et ces trois là ?
Et ceux là ?
Celui-ci courra certainement plus vite.
Et pour le reste ?
Ce qui est étonnant, c'est que la quasi totalité des associations écologiques mettent en œuvre, avec une naïveté infantile, de vastes programmes en vue de promouvoir le Patou auprès des bergers comme s'il s'agissait d'une solution miracle. Le résultat, c'est évidement la déception. Ce n'est pas avec cette naïveté malheureusement bien écologiste, que l'on peut rendre service au Patou ou à l'idée même d'une protection propre, respectueuse de la nature.
Que faut-il faire alors ?
Il ne s'agit certainement pas de mettre le Patou dans l'oubliette de l'histoire. Ce serait trop facile. Il s'agit, au contraire, de réhabiliter un héritage régionale, voire nationale qu'est ce beau chien qui, nous en sommes convaincus, conserve encore en lui l'aptitude innée de la protection de l'élevage traditionnel. Seulement, depuis un peu plus d'un siècle, il y a eu un « incident » de taille : La disparition du loup. Son instinct de protection pastorale s'est sérieusement émoussé. Or, émoussé ne veut pas dire irrémédiablement disparu, il y a donc peut-être un moyen de retrouver le Patou « d'antan ».
Mais comment y parvenir ?
A notre connaissance, le Patou a, pendant fort longtemps, été utilisé comme chien de protection de troupeaux. Nous supposons que s'il ne donnait pas satisfaction dans son efficacité pendant plusieurs siècles, les bergers ne se s eraient pas amusés à l'utiliser
Nous nous mettons volontiers hors jeu.
comme auxiliaire de protection pendant si longtemps. Il s'agit donc de lui réapprendre ce qu'il savait déjà.
C'est précisément à ce stade là que le Karabash (ou une autre « race » qui, depuis son existence, a toujours vécu avec le loup et autres prédateurs) peut venir au secours du Patou. Nous suggérons d'assurer la protection du troupeau avec autant de Karabash que de Patou. Le Patou va très
Deux patous en haut à droite. La seule différence
avec l’image précédente : la couleur du tapis !
probablement imiter le Karabash, (cela nous étonnerait beaucoup que le Karabash imite le Patou) par conséquent la durée de la remise à niveau du Patou sera grandement écourtée. Les reproducteurs seront sélectionnés non seulement parmi les sujets les plus brillants, mais en même temps parmi les sujets qui ont un rapport masse/mobilité optimal.
Patou près de Barcelonnette,
Alpes-de-haute-Provence, France.
Il gardait des moutons dans l’enclos.
Sa chaîne étant attachée à un pneu
de voiture, il pouvait se déplacer mais
ne pouvait pas franchir la barrière.
Il protégeait donc les moutons contre
les voleurs et non contre les prédateurs.
Ce dernier point est au moins aussi important que le premier, car le Patou d'aujourd'hui, à notre avis, n'a tout simplement pas l'aptitude physique pour assurer la fonction que nous lui demandons.
Patou au travail dans le Mercantour, France.
Elle était blessée mais ne semblait pas
être affectée par sa blessure.
Le dernier point à rappeler est de loin le plus important. Il s'agit de sélectionner des sujets mentalement capables.
Bref, il faut impérativement viser une sélection impitoyable dans un premier temps pour obtenir des sujets décrits ci-dessus le plus rapidement possible.
Ils ont tous quitté le troupeau pour inspecter
le véhicule intrus. Pour ne pas les accuser
à tort, nous devons avouer qu’il y avait une
chienne Karabash en chaleur.
Les femelles se sont contentées
d’une inspection minutieuse.
Pour conclure, il est illusoire d'envisager l'utilisation du Patou, du moins tel qu'on le connaît aujourd'hui, pour une protection sérieuse de troupeaux. La morphologie du Patou ne lui permet pas de s'exprimer brillamment dans la mobilité. Cette même morphologie
Quant aux mâles, la prétendante étant
inaccessible, ils se sont acharnés sur
les roues du véhicule.
n'est guère compatible avec des vitesses de pointe dignes de lévriers, pourtant indispensables pour rattraper de temps à autre quelques prédateurs et les loups les plus téméraires en particulier. Si on ajoute à ce constat le fait que le Patou ne connaît presque plus le loup depuis un bon siècle, les choses se compliquent. Pourtant, les ancêtres du Patou étaient utilisés avec succès pour ce même travail. Gaston PHEBUS en parle dans son livre intitulé « Le Livre de Chasse », publié au 14ième siècle. Nous nous permettons donc d'imaginer que le Patou à l'époque n'était pas du tout comme on le connaît aujourd'hui et qu'il a subi des transformations qui l'ont éloigné en profondeur de son utilisation d'origine durant le dernier siècle. Malgré tout, il est possible de faire marche arrière. Cela prendra le temps nécessaire pour inverser la direction de son évolution actuelle. Nous sommes convaincus que le Patou a ce potentiel.
Le troupeau étant dans l’enclos, les chiens
se reposaient à l’ombre du rocher à gauche
de l’image.
Reste à savoir s'il y a la volonté politique pour promouvoir l'élevage extensif et surtout si nous sommes prêts à reconnaître la présence des prédateurs en France…
Sur un point, nous avons le souci d’être bien compris. Il va de soit qu’il ne s’agit en aucun cas de remplacer le Patou par un autre chien quelques soient ses qualités et sa provenance. Il s’agit de restituer au Patou, sa fonction traditionnelle, son milieu originel qu’il n’aurait jamais dû quitter.
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© DERBENT Anne-Marie 2006 |