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15-SA PERSONNALITE 2Janv 2010 Vous imaginez un grand chien puissant, rapide et hautement efficace dans l’accomplissement de sa mission de protection, qui se promène librement dans les villages et joue avec les enfants. Voilà ce qu’est le Karabash. C’est le tableau presque vrai sauf que pour des raisons évidentes, les Karabash en liberté dans les villages ne sont que des femelles et rarement des mâles qui, eux, sont parfois même attachés dans les cours des maisons pour éviter les conflits territoriaux. C’est le tableau général lorsque les moutons sont au village et par conséquent les chiens au chômage. Le Karabash est à la fois indépendance et affection. Son « professionnalisme » dans sa fonction de protection exige une bonne dose d’indépendance vis à vis de l’homme pour exprimer pleinement son aptitude dans la prise de décision adéquate dans
Allemagne. Son adaptation sans histoire n’est pas surprenante. Déjà, au départ, il aime les enfants.
Photo : Murat ADIGÜZEL n’importe quelle situation. L’éleveur nomade a toujours recherché cette aptitude et a toujours privilégié les chiens capables de faire le travail tout seuls, sans intervention de l’homme. C’est une des raisons pour laquelle votre Karabash ne vous obéira pas au doigt et à l’œil. Il ne vous obéira que pour vous faire plaisir s’il vous aime. C’est à vous de compenser ce « défaut » en privilégiant la poursuite sans interruption de sa socialisation dès son arrivée à la maison. Ce chien si indépendant vous étonnera avec l’affection qu’il est capable d’exprimer à votre égard si…vous avez gagné, une bonne fois pour toute, sa confiance. A l’opposé, le Karabash qui est maltraité, battu, laissé longtemps attaché ou enfermé peut naturellement avoir un comportement agressif, voire dangereux.
Une autre aptitude héréditaire du Karabash est la surveillance de son environnement. Expert pour la sélection de l’endroit le plus stratégique de son territoire, même s’il a l’air de dormir, ses sens auditif et olfactif sont en éveil en permanence. Le seul signe inhabituel parmi bien d’autres est immédiatement perçu et une réaction adaptée à l’amplitude de la menace ne se fait pas attendre.
Le Karabash étant une des plus anciennes « races » canines, le maître mot pour ce chien qui a traversé l’histoire, est la stabilité. Des siècles de sélection n’ont rien laissé au hasard. Il a toujours été sélectionné pour son efficacité et non pour son agressivité. Un Karabash qui n’est pas maltraité, qui n’est pas rendu psychologiquement malade n’entreprendra aucune action qui puisse compromettre l’intégrité physique de l’homme. Depuis fort longtemps dans les campements, dans les villages, les sujets agressifs sans raison et ceux qui s’en prenaient aux enfants ont systématiquement été éliminés. Il est conçu pour un travail bien précis, c’est la protection. Il protège, en fait, tout ce qui appartient à son maître. Son troupeau, sa maison, sa yourte, ses terres, sa famille, ses proches. D’ailleurs le mot « çoban » dans le « çoban köpeği » ne signifie pas que berger. Le « çoban » en turc est aussi le protecteur, le guide. Dans l’histoire turque, il y a eu beaucoup de notables qui avaient le titre « çoban ». Ils étaient des protecteurs, des guides pour leur peuples. Le Karabash n’est donc pas qu’un chien de protection de troupeaux, c’est un chien de protection tout court.
Le Karabash reconnaît les proches et amis de son maître, se comporte sans agressivité à leur égard tout en gardant une certaine distance. La grandeur de cette distance dépend, bien entendu, de l'éducation qu’il a reçue. Cependant, en l’absence de son maître, il ne laisse aucun ami pénétrer dans la maison. Pour y parvenir, puisqu’il s’agit des amis de son maître, il va plus que jamais déployer toutes ses ressources de persuasion douce. De toute façon, il aura le dernier mot.
Mongolie.
Une fois les moutons à l’abri en sécurité, il a ses heures de détente.
Cela démontre son aisance, son équilibre.
Le Karabash n’est pas agressif tant qu’il n’est pas menacé, tant que son territoire n’est pas violé. Au cas où un étranger s’approche de son territoire:
1-Il reste immobile pendant un certain temps et observe attentivement les gestes de l’étranger. 2-Si l’étranger continue à avancer, le Karabash se dresse, se met dans le sens de l’individu tout en s’inclinant vers l’arrière et baissant la tête. Il lance des regards du bas des sourcils, puis commence à gronder. La queue en boucle sur la croupe, les oreilles tendues en avant, les poils du dos hérissés, l’ensemble du corps est tendu comme un arc, la gueule aussi, et il laisse voir ses crocs en grondant. 3-Si l’étranger ne recule pas, le Karabash se met à aboyer fortement tout en montrant l’ensemble de ses crocs et en laissant couler sa salive. 4-Puis il passe à l’assaut d’intimidation. Son intention est d’arrêter et d’immobiliser l’intrus dans un coin. 5-Si l’intrus ne veut toujours pas comprendre, le Karabash n’a plus d’autre choix que d’attaquer sans faire semblant cette fois-ci.
Si vous êtes attaqué par un Karabash, inutile d’essayer de vous enfuir. Ce ne sera pas possible. La seule chose à faire est de le désarmer. C’est-à-dire de s’asseoir, de prendre une posture de soumission et de se laisser prendre en otage. Ce chien, répétons le, n’a aucune propension à viser l’intégrité physique de l’homme. Il s’approchera vers vous, grondera, tournera autour de vous, le mâle lèvera probablement la patte sur vous pour vous indiquer clairement que c’est, à partir de cet instant, lui qui est le chef et tant que vous n’abandonnez pas votre posture de soumission votre intégrité physique n’est nullement en danger. Par contre, il va probablement falloir attendre l’arrivée de son maître pour vous délivrer sauf si le Karabash suit son troupeau, dans ce cas, une fois que le troupeau sera hors de portée de l’intrus, c’est-à-dire vous, il vous abandonnera.
Il est très difficile d’appâter un Karabash avec de la nourriture. Pour des gens mal intentionnés, c’est une difficulté supplémentaire. Pendant toute la durée de son éducation sa meilleure récompense sera une bonne dose de caresse et non des friandises.
Le Karabash est fugueur au sens occidental du terme. Dans le contexte rural en Turquie, le chien ne fugue pas, il surveille. Il revient parfois au bout de plusieurs jours et cela n’inquiète personne. La surveillance du territoire fait partie de son travail et il « s’absente » régulièrement pour s’assurer qu’il n’y a rien d’anormal autour de son campement. Il a été « programmé » pour ce travail. Certes, en Europe, le besoin de ce chien d’une surveillance « étendue » de son territoire ne laisse pas sans poser de problème si on ne l’en empêche pas. C’est d’abord interdit par la loi. Il peut être à l’origine d’un accident grave de la circulation, il peut se bagarrer avec d’autres chiens et enfin il peut, vu sa taille, faire peur aux personnes même si, dans ces circonstances, il ne cherchera absolument pas à s’en prendre à l’homme.
Nous préférons, malgré tout, nuancer ce « défaut », fruit de ses qualités. En Europe, mis à part les Karabash qui travaillent sur troupeaux, les autres sont tous des chiens de compagnie et finissent tout de même par comprendre que leur territoire se limite aux clôtures de leur jardin. Nous tenons à bien souligner qu’un Karabash qui se sent aimé, qui est donc bien dans sa peau cherchera moins à effectuer des patrouilles régulières et étendues autour de sa maison, c’est le cas de la grande majorité des Karabash en France. Chez certains sujets qui, pourtant, sont très bien dans leur familles d’accueil, l’instinct ancestral de la « surveillance du territoire » peut prendre le dessus. Il vaut mieux donc prévenir que guérir, nous vous conseillons de prévoir une clôture d’au moins 2 mètres afin d’éviter toutes tentations.
Il est aussi un des meilleurs gardes du corps, sans aucun apprentissage pour cela. Lorsque les circonstances l’exigent dans la protection des siens et de son petit monde, le Karabash a une capacité à déployer une force
Vous avez compris. Il lui faut une vrai clôture pour le dissuader de faire la ronde et de surveiller
son territoire qui, pour lui, est vaste. Ce « penchant » délibérément encouragé dans la sélection risque de poser
un problème épineux en occident.
Photos : Murat ADIGUZEL et une détermination redoutables. Mais rassurez vous, il a au moins autant de capacité de mesure et de sagesse innées. C’est pour cette raison que le Karabash, dans de bonnes mains, est un excellent garde du corps sans être dangereux. Nous vous rappelons qu’il est d’abord chien de protection. Il protège, il ne garde pas obligatoirement. Cette nuance est capitale pour une meilleure compréhension du Karabash.
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© DERBENT Anne-Marie 2006 |