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20-LA GESTION DE LA HIERARCHIE >Janv 2010 Malgré sa domestication il y a environ 15 000 ans (peut-être beaucoup plus), le chien a gardé intact beaucoup de traits caractéristiques de son ancêtre probable, le loup. Parmi ces traits caractéristiques, il a notamment gardé intact le mode de vie en meute avec son code et ses règles immuables. La famille humaine dans laquelle vit le chien est perçue par ce dernier comme une meute au sein de laquelle s’applique le code canin. C’est pour cette raison que nous devons connaître ces règles pour comprendre notre chien et pour vivre en harmonie avec lui. Nous devons impérativement abandonner notre logique humaine au profit de la logique canine que nous allons nous efforcer de bien assimiler.
Dans une meute de loups, il y a un chef appelé le « loup alpha ». Il n’est pas seulement le plus fort sur le plan physique mais il est aussi le plus fort sur le plan tactique et stratégique. C’est un décideur, un gestionnaire. C’est lui qui décide et organise la chasse. Tous les sujets de la meute suivent le loup alpha parce que c’est lui qui prend les bonnes décisions pour la survie, pour le bien être de la meute. On ne conteste pas son rang sauf si on s’estime plus fort que lui, sauf si on s’estime capable d’assumer la responsabilité de chef.
Pour pouvoir vivre ensemble en harmonie avec les chiens dans la société des hommes, ce chef est obligatoirement un homme, mais pas n’importe quel homme, un homme qui a la carrure de leader, de meneur.
Nord de l’Afghanistan.
Il y a des personnes qui n’ont aucune difficulté à établir très rapidement une hiérarchie saine, à faire accepter leur rang de commandant en chef indiscutable. Ils dégagent une autorité naturelle, bien perçue par la gent canine. Même les molosses rebelles obéissent sans résistance à ces personnes et nous soulignons que les chiens qui se soumettent à leur chef humain (canin ou lupin) sont heureux parce qu’ils ont une place bien définie dans la hiérarchie de la meute. Le Karabash, issu en plus d’une des « races » les plus proches du loup, serait comblé de la place que l’on lui attribue au sein de la meute des humains. Son chef de meute apporte la sécurité, un bien être incontestable à l’ensemble de la meute. Il a déjà résolu, une bonne fois pour toute, le problème de la recherche de nourriture, de tanière, même si ce qu’il reçoit de l’homme demeure rudimentaire dans le contexte pastoral. L’homme assume donc pleinement sa responsabilité de chef. Le Karabash, à son tour ravi d’assumer sa responsabilité et sa place, protège sa famille, son troupeau, c’est-à-dire sa meute.
A l’autre extrême, il y a d’autres personnes qui sont incapables d’instaurer la hiérarchie indispensable et, aux yeux de leurs chiens, ils n’occuperont que les rangs subalternes de la meute avec toutes ses conséquences conflictuelles qui s’imposent dans la société des hommes. Particulièrement sensibles, les chiens reconnaissent instantanément ces personnes et s’attribuent aussitôt un rang au dessus du rang de l’homme. En fait, ils ne commettent aucun délit, encore moins avec préméditation, ils ne font qu’appliquer encore une fois, le code canin.
Entre ses deux extrêmes, il y a quand même beaucoup de personnes, qui peuvent avoir l’autorité nécessaire pour s’imposer comme chef mais ils ne connaissent pas le mode d’emploi. A ces personnes, nous conseillons de commencer l’apprentissage de leur place de bon chef de meute en adoptant un chiot d’une race avec laquelle d’éventuelles erreurs de jeunesse risquent moins d’occasionner des conséquences irréversibles. Après une première expérience réussie avec un chien « raisonnable », ces personnes peuvent plus facilement maîtriser un Karabash mâle.
Nous ne pouvons vivre heureux avec notre Karabash que si nous respectons et appliquons le code canin. Le loup alpha dans une meute rappelle sans cesse à ses sujets qu’il est bien le seul chef et il utilise un langage sonore, gestuel et comportemental pour y parvenir. Et bien, nous allons faire exactement la même chose pour maintenir notre rang de chef.
- A la maison, le chef a tous les droits mais pas le chien. Pour certains, l’accès à la cuisine est interdit au chien, pour d’autres c’est l’accès à la salle à manger, pour d’autres c’est l’accès à la totalité de la maison qui est interdit, encore pour d’autres c’est le jardin potager qui est sacré. Dans tous les cas, nous sommes en position de chef puisque nous avons accès à des endroits qui lui sont interdits.
- L’accès à la nourriture est soigneusement codifié dans une meute. C’est le chef qui commence et se sert le morceau de son choix. Tout le monde attend la fin du repas du chef. Ensuite, en fonction de l’ordre hiérarchique qui règne dans la meute, chacun se sert. A la maison aussi, c’est d’abord toute la famille qui mange et il est le dernier à être servi.
- Lui servir sa nourriture nous donne une autre excellente occasion de lui mettre une énième fois dans la tête que nous somme le chef. Nous lui demanderons d’abord de s’asseoir. On met la gamelle devant lui et il n’a qu’une seule envie, c’est de se jeter sur sa nourriture et de dévorer le tout à toute vitesse. (ce n’est pas forcément le comportement habituel du Karabash). Mais nous n’allons pas le laisser faire et nous allons lui apprendre à commencer à manger sur notre autorisation. Il va donc rester assis devant sa gamelle à nous regarder et à nous faire des yeux doux pour obtenir notre autorisation. 5 à 10 secondes d’attente suffisent pour lui dire un « oui » libérateur. Là, vous êtes vraiment le chef et le chien est heureux parce qu’il sait que, c’est le tour de son rang à avoir accès à la nourriture.
- Puisque vous êtes le chef, vous êtes le décideur dans la meute. Toutes les initiatives quelque soit leur nature seront prises par vous. Vous allez lui servir sa gamelle non pas parce qu’il l’a réclamé à plusieurs reprises, mais parce que c’est l’heure de son repas. Vous n’allez pas vous mettre à jouer avec lui parce qu’il tourne autour de vous pour vous inciter à jouer avec lui. Vous allez plutôt décider vous même le moment du jeu et vous allez appeler le chien pour jouer ensemble.
- Avant la promenade, lorsque vous ouvrez la porte pour sortir, excité, il aura tendance à se jeter dehors. Vous n’allez pas le lui permettre. C’est vous qui sortez d’abord et il vous suit ensuite.
Nous pouvons augmenter ces exemples. Nous évitons délibérément de vous donner une grande liste de recettes toute faites, nous préférons vous exposer la logique canine à partir de laquelle vous pouvez concocter vous même vos propres recettes adaptées à votre chien. Chaque fois, le but est le même : bien faire comprendre au chien la place que nous lui réservons dans la meute. Mais pour bien doser l’application de ces règles, il faut tenir compte de la personnalité du chien. S’il s’agit d’un chien dominant de nature, nous serons intransigeants dans l’application stricte de ces règles. Nous devons néanmoins diminuer la dose pour les chiens tendres et soumis si l’on ne veut pas transformer la soumission en servilité. Attentif à l’évolution comportementale de notre Karabash, c’est à nous de déterminer la bonne dose.
Jeune, il aime ce genre de jeu
avec les enfants. Allemagne. Photo : Murat ADIGÜZEL
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© DERBENT Anne-Marie 2006 |